Facteurs d’élevage influençant prévalence des boiteries, productivité et qualité du lait en élevage laitier à traite automatisée

Des troubles de la locomotion (boiteries) peuvent affecter de manière défavorable la capacité et la volonté des vaches laitières de se faire traire automatiquement dans un robot de traite. En effet, une vache avec une difficulté à se mouvoir (score de boiterie ≥ 3) effectue significativement moins de visites au robot, en raison de la douleur engendrée par la boiterie.

Certaines études préalables réalisées au Canada ont montré qu’une prévalence de troupeau de 2,5 à 5% de boiteries sévères (score de locomotion ≥ 4) était associée à une baisse de 0,7 kg/vache/jour du niveau de production laitière.

Le but de cette étude conduite par des équipes canadiennes, notamment de l’Université de Guelph (Ontario), a été d’identifier les facteurs associés à la prévalence des boiteries au niveau d’un troupeau laitier, ainsi que les associations entre boiteries et autres facteurs d’élevage avec l’activité de traite, le niveau de production laitière, la qualité du lait dans des élevages équipés de robots de traite.

D’avril à septembre 2019, 75 élevages laitiers de l’Ontario, équipés d’une traite automatisée, ont été visités : des données ont été collectées sur le système de logement, la conduite d’élevage ainsi que les performances laitières sur les 6 mois précédents.

Les caractéristiques des élevages étaient les suivantes (moyennes) : 98 vaches laitières ; 2,3 stalles de robot par élevage ; 44 vaches par robot, 36 kg de lait par vache et par jour ; 3 traites par jour ; concentration en cellules somatiques (CCS) de 179.000 cellules/ml (moyenne géométrique).

Un minimum de 30 vaches par troupeau était évalué quant à l’état corporel (note de 1 à 5) et la locomotion (score de boiterie de 1 à 5).

Les principaux résultats ont été les suivants :

  • 28% des vaches avaient une boiterie notée à 3 et plus, dont 3% ont extériorisé une boiterie sévère (score ≥ 4).
  • Les boiteries cliniques (score ≥ 3) ont été moins fréquentes dans les élevages avec une litière à base de sable, une plus grande largeur d’auge (alimentation : ≥ 60 cm/vache), dans les élevages avec des races laitières autres que la race Holstein (essentiellement Jersiaise et croisée Jersiaise), avec une moindre proportion de vaches en mauvais état corporel (note ≤ 2,5) au moment des visites.
  • La survenue de boiteries sévères (score de locomotion ≥ 4) était associée à une plus forte proportion de vaches à état corporel insuffisant, à des élevages ayant des stalles avec une grande hauteur de la marche (au-delà de 20 cm).
  • Le niveau de production laitière quotidienne par vache augmentait avec une diminution de la prévalence de boiteries cliniques (10% de prévalence en moins = 2 kg/vache/jour en plus) et une augmentation de la fréquentation quotidienne du robot de traite par la vache.
  • Un moindre niveau de cellules du lait (CCS) a été significativement associé à une moindre prévalence de boiteries cliniques, une moindre durée de lactation et une plus grande proportion de vaches à très bon état corporel (note ≥ 3,75).

Conclusions

En conclusion, une moindre prévalence de boiterie sur des troupeaux laitiers équipés d’une traite robotisée (situés en Ontario, Canada) était associée à une plus grande largeur d’alimentation à l’auge, à une prévalence moindre de vaches avec un état corporel insuffisant, à l’utilisation d’une litière à base de sable et à la traite de vaches appartenant à des races autres que la race Holstein.

Résumé Publication “Farm-level factors associated with lameness prevalence, productivity and milk quality in farms with automated milking systems.” Matson RD, King MTM, Duffield TF, Santschi DE, Orsel K, Pajor EA, Penner GB, Mutsvangwa T, DeVries TJ. Journal of Dairy Science, 2021, 105 : 793-806.

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