Prévalence et facteurs de risque de la dermatite séborrhéique mammaire chez les vaches laitières suédoises

L’objectif de cette étude menée en Suède était d’évaluer la prévalence de lésions de dermatite mammaire, selon leur sévérité, et d’en identifier les facteurs de risque. Un objectif secondaire était d’évaluer si la présence de dermatite mammaire (DM) augmentait le risque de mammite ou de réforme. Dans cette optique, les auteurs ont sélectionné de façon aléatoire 100 troupeaux bovins laitiers.

Tous les élevages ont fait l’objet d’une visite durant la traite pendant la période hivernale. La liste des facteurs individuels, liés au troupeau, en relation avec la conduite, l’état sanitaire et le bâtiment a été enregistrée. Lors de la traite, toutes les deux à trois vaches, chaque animal était examiné pour la présence de dermatite mammaire : absence, lésions modérées (hyperkératose, petites papules ou pustules, petites croûtes et légère transsudation) ou lésions sévères (pus, croûtes larges, lésions cutanées sévères).

Parallèlement, la conformation de la mamelle, l’hygiène de la mamelle et la présence de tarsite étaient contrôlées. Enfin, le nombre de traitements vétérinaires pour mammites (tous administrés en Suède par les vétérinaires) et les réformes ont été enregistrés. Les facteurs de risque éventuels ont été identifiés à l’aide de modèles multivariés menés l’échelle de la vache, de l’élevage, du management intra-élevage et de la santé du troupeau. Compte-tenu du « design » transversal de l’étude, le lien de causalité n’étant pas possible à évaluer, le terme de « facteur de risque » semble moins approprié.

Il en ressort les résultats principaux suivants :

  • Au final, 99 troupeaux ont participé à l’étude (102 vaches de moyenne [49-223] ; production moyenne de 9914 kg/an [6277-13225], moyenne CCS troupeau 247 000 cell./mL [103000-523000]).
  • Un seul troupeau n’avait aucune vache avec des lésions de DM. La prévalence de la DM était de 28% [26-29%], les proportions étant de 19% [18-20%] pour la DM modérée et 9% [8-10%] pour la DM sévère. La prévalence intra-troupeau allait de 0 à 62% (de 0 à 43% pour la DM modérée et 0 à 33% pour la DM Sévère). Trois troupeaux n’avaient que des lésions sévères et un seul avait uniquement des lésions modérées.
  • Concernant les facteurs de risque de DM modérée, ont été identifiés de manière significative les critères suivants : la race Swedish Red (vs Holstein) (OR 3.0 [2.33-3.87]), une attache frontale de la mamelle faible (OR 1.73 [1.12-2.66]), la présence de tarsite (OR 1.40 [1.09-1.80]), la parité (risque augmentant avec la parité d’autant plus que la qualité de l’attache de la mamelle est faible), le niveau de réforme pour problèmes de boiteries (OR 1.065 [1.23-2.22]). L’effet « élevage » était lui aussi significatif.
  • Concernant les facteurs de risque de DM sévère, ont été identifiés significativement : le stade de lactation (risque qui augmente au cours de la lactation), la production laitière (risque augmentant avec celle-ci), la parité (risque qui augmente avec la parité), des logettes trop courtes (OR 1.53 [1.05-2.21]) ou installées avant 2001, le niveau de réforme pour problème sanitaire ou le niveau de réforme de vaches durant les 90 premiers jours, le niveau de traitement des mammites (si plus de 10 ou moins de 3 traitements par 100 vaches à risques et par an). Par contre, des matelas sur les logettes diminueraient le risque de DM sévère (OR 0.43 [0.29-0.63]).
  • En consolidant les cas modérés et sévères de DM, on ne démontre pas d’effet significatif du nombre de traitements pour mammites, du taux de réforme global ou des taux cellulaires (CCS). Par contre, il y a moins de risques de DM (quelquesoit la gravité) sur des vaches issues de troupeaux avec une forte proportion de génisses plus agées que 17 mois et non inséminées.

Au final

Il ressort dans les conditions de cette étude que cette affection, modérée ou sévère, est très commune en Suède, des lésions ayant été retrouvées dans 98 des 99 élevages investigués, avec une prévalence pouvant aller jusque 62%.

Les facteurs de risque identifiés sont de différentes natures, liées à l’animal (parité, stade de lactation, niveau de production, conformation de la mamelle), au troupeau (prévalence de lésions des membres ou de mammites dans l’élevage) ou au bâtiment (logettes trop courtes) : c’est une affection à caractère multifactoriel.

Résumé Article “Mild and severe udder cleft dermatitis – Prevalence and risk factors in Swedish dairy herds” Ekman L., Nyman A-K., Landin H., Magnusson U., Persson Waller K. Journal of Dairy Science. 2017. 101 : 556-571. GP/FR/ORUM/1018/0059