Les différences de composition entre le lait issu de la traite du matin et du soir influencent-elles la croissance in vitro de Staphylococcus aureus et Escherichia coli ?

L’objectif de cette étude menée aux Pays-Bas était d’évaluer l’influence de la composition du lait sur la croissance in vitro de souche de S. aureus et d’E. coli. Des variations individuelles étant observées sur le terrain en termes de sensibilité aux mammites, les auteurs ont fait l’hypothèse que des caractéristiques liées à la composition du lait pouvaient l’expliquer.

Dans ce but, les auteurs ont prélevé le lait de tous les quartiers des vaches de la ferme laitière de la faculté d’Utrecht et ce, à la traite du matin et à celle de l’après-midi. Chaque échantillon de lait a fait l’objet d’une mesure: TB, TP, lactose, urée, concentrations en cellules somatiques (CCS), lactoferrine, lactopéroxydase, béta-lactoglobulines, IgG1 anti-S. aureus. Puis des colonies de S. aureus ou d’E. coli ont ensuite été rajoutées aux échantillons de lait. Les capacités de croissance des 2 types de bactéries (S. aureus et E. coli) ont été comparées. De plus, les compositions des laits ont été comparées entre quartiers et entre moments de traite.

Il en ressort les résultats principaux suivants :

  • 47 vaches ont fait l’objet de prélèvements soit 187 quartiers.
  • Les teneurs mesurées différaient, à l’exception du lactose, entre traite du matin et du soir: le TP, le TB, l’urée, lactoferrine, et IgG1 anti-S. aureus étaient en quantité plus importante le matin à l’inverse des béta-lactoglobulines, de la lactopéroxydase, des CCS. La croissance in vitro d’E. coli était significativement plus forte avec le lait issu de la traite du matin, l’inverse pour S. aureus.
  • La lactopéroxydase présentait le plus fort différentiel matin-soir (différence de 14,3 U/mL)
  • Comme attendu, des différences entre quartiers  à l’échelle d ‘une même vache ont aussi été observées (avec parfois jusqu’à un facteur 30 pour la lactoferrine par exemple)
  • Parmi les critères influençant négativement la croissance de S. aureus, on a trouvé le fait que le lait soit issu de la traite du matin, un plus fort TB, la présence d’autres bactéries et la présence d’IgG1 anti-S. aureus.
  • Parmi les critères influençant négativement la croissance d’E. coli on a trouvé le fait que lait soit issu de la traite du soir et le TB.
  • Les différences observées sur les croissances de S. aureus et E. coli observées entre les laits issus de la traite du matin et du soir militent pour une influence de la composition du lait sur ces capacités inhibitrices. Toutefois, parmi les paramètres mesurés dans cette étude, aucun paramètre ne semble ressortir, excepté le TB pour les 2 espèces bactériennes (et ce, via l’activation de la lipolyse par les manipulations sur le lait, mais donc avec une valeur limitée pour la compréhension de situations in vivo) et la teneur en IgG1 anti-S. aureus pour S. aureus.

En conclusion

Il ressort, dans les conditions de cette étude, que bien que les compositions de lait diffèrent entre quartiers et selon le moment de la traite, aucun des paramètres mesurés n’influence significativement la croissance des 2 espèces bactériennes ayant été utilisées pour ensemencer les laits (S. aureus et E. coli). Le fait que la teneur en IgG anti-S. aureus soit négativement corrélée à la croissance de S. aureus encourage les études visant à développer/évaluer des solutions vaccinales contre les infections intra-mammaires  à S. aureus.

Résumé Article “Diurnal differences in milk composition and its influence on in vitro growth of Staphylococcus aureus and Escherichia coli in bovine quarter milk” Eisenberg S.W.F., Boerhout E.M., Ravesloot L., Daemen A.J.J.M., Benedictus L., Rutten V.P.M.G, Koets A.P. J. Dairy Sci., 2015, (99):5690-5700.

GP FR/ORUM/1216/0125