Corrélation entre bactériologie et inflammation de la glande mammaire

Deux types de mammites – inflammation de la glande mammaire – peuvent être distingués :

  1. mammite infectieuse ou type infectieux, causée par une infection intra-mammaire (IMI), le plus souvent par des agents pathogènes bactériens,
  2. mammite non infectieuse ou type non infectieux, associée principalement à la stase du lait, normalement en fin de la lactation, pendant l’œstrus, ou suite à d’autres perturbations environnementales ou physiopathologiques.

La différenciation entre les deux types se fonde sur la présence d’un agent pathogène intra-mammaire et l’existence et la répartition des cellules de type leucocytaire, toutes deux souvent évaluées par prélèvement d’échantillons de lait.

pis de vache mammite

Le but de la présente étude menée par des scientifiques israéliens était de vérifier l’existence d’une corrélation significative entre l’isolement bactérien (ou non) et l’inflammation des glandes mammaires, en utilisant la culture bactérienne traditionnelle et la technique PCR, la distribution des leucocytes du lait et l’histologie tissulaire.

Au total, 22 vaches ont été mises en essai et suivies individuellement au niveau de la mamelle avec une méthodologie basée sur les évaluations suivantes : culture bactériologique et PCR en temps réel (RT-PCR), composition du lait, comptage des cellules somatiques (CCS) et différenciation cellulaire. Après abattage des vaches, des prélèvements d’extrémités des tétines et de tissu mammaire ont été réalisés pour l’histologie et la bactériologie via le test RT-PCR.

Les valeurs moyennes de rang de lactation, stade de lactation et niveau quotidien de production laitière étaient respectivement de 3,3, 381 jours et 24,7 kg/j.

Les 88 glandes mammaires analysées ont été attribuées à l’une des catégories suivantes :

  1. Saine – pas d’inflammation et pas d’isolement bactérien (n=33),
  2. Inflammation et bactériologie négative (n=26),
  3. Inflammation et infection intra-mammaire (n=22) avec différentes bactéries (SNC : n=7 ; E. Coli : n=13 ; Streptocoques : n=2),
  4. Les sept autres ont été taries et non incluses dans l’étude.

Les principaux enseignements sont les suivants :

  • Le lait des glandes mammaires saines avait un CCS < 300.000 cellules/ml, avec environ 50 % de leucocytes, > 76 % de caséine. En comparaison, les vaches diagnostiquées avec une inflammation mais sans agent pathogène avaient un CCS > 1.000.000 cellules/ml de lait, environ 80 % de leucocytes et 72 % de caséine. Toutes les glandes mammaires infectées avec bactériologie positive avaient une augmentation du CCS (entre 600.000 et 1.400.000 cellules/ml), pour 70 à 80 % de leucocytes et 71–73 % de caséine.
  • La bactériologie et la RT-PCR des échantillons de lait ont montré une concordance de 91,4 %.
  • Au niveau des lobules des glandes mammaires saines, environ 50 % étaient producteurs de lait et les autres tissus lobulaires avaient des zones sèches avec une augmentation des globules de matières grasses et un faible nombre de leucocytes.
  • En revanche, environ 75 % des glandes mammaires infectées ont été identifiées comme inflammées, mais sans isolement de bactéries.
  • Une infiltration de cellules mononucléées et de neutrophiles dans le tissu conjonctif a été observée dans les glandes infectées, mais pas dans la lumière des lobules de la glande.

En conclusion

Cette étude met en évidence que chaque mammite ou inflammation de la glande mammaire n’est pas toujours en relation avec une infection par une bactérie pathogène. La décision quant à la gestion de l’inflammation, que ce soit pour envisager un traitement ou non, doit prendre en compte le bien-être animal, les risques potentiels pour la consommation humaine du lait de vache et l’impact économique.

Résumé Publication “Correlation between Milk Bacteriology, Cytology and Mammary Tissue Histology in Cows: Cure from the Pathogen or Recovery from the Inflammation.” Leitner G, Blum SE, Krifuks O, Edery N, Merin U. Pathogens, 2020, 9 (5), 364

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