Effet, persistance et virulence des différentes espèces de staphylocoques coagulase négative associées aux mammites des ruminants

Résumé Article “Invited review: Effect, persistence, and virulence of coagulase-negative Staphylococcus species associated with ruminant udder health” Venderhaegen W., Piepers S., Leroy F., van Coillie E.V., Haesebrouck F., De Vliegher S., J. Dairy Sci., 2014, (97): 5275-5293.

L’objectif de cette revue de la littérature menée par les chercheurs de l’université de Gand était de faire le point sur l’impact, la persistance et la virulence des souches de staphylocoques coagulase négative (SCN) impliquées dans les mammites chez les ruminants.

SCN : Pathogène mineur ou majeur ?

Les études ne sont pas convergentes. Un comportement spécifique d’espèce est suspecté.

Quelles souches sont isolées lors de mammites ?

Lors d’infections mammaires bovines persistantes dues aux SCN, 5 espèces sont les plus fréquemment isolées : S. chromogenes, S. simulans, S. xylosus, S. haemolyticus et S. epidermidis. Elles font l’objet de cette revue de la littérature.

Quel est l’effet des SCN sur la réponse inflammatoire ?

De façon générale, les infections intra-mammaires dues à des SCN sont associées à des signes cliniques faibles à modérés et à une élévation modérée des concentrations en cellules somatiques (CCS).

Cependant, des spécificités d’espèces sont rapportées. Ainsi, lors d’infection intra-mammaire expérimentale, S. simulans crée une réponse inflammatoire supérieure à celle provoquée par S. epidermidis. De même, certaines études rapportent l’apparition systématique de cas cliniques après infection expérimentale par S. chromogenes. S. chromogenes et S. simulans semblent être les 2 espèces de SCN les plus fréquemment isolées lors de mammites cliniques (respectivement 29 % et 25 %, alors que chacune des autres espèces de SCN n’est isolée que dans moins de 15% des cas cliniques).

Les auteurs appellent cependant à une certaine prudence au niveau des conclusions car les différences de designs expérimentaux des études interdisent toute généralisation ou spéciation. Une certitude toutefois, S. hyicus, qui est le SCN le plus prévalent lors de mammites de génisses, provoque davantage de mammites cliniques que sub-cliniques.

Une convergence plus grande semble se faire sur le rôle protecteur d’une colonisation précoce par des SCN (quelle que soit l’espèce) de la mamelle, et surtout de l’apex, pour prévenir la survenue ultérieure de mammite à germes pathogènes majeurs (effet flore de barrière et sécrétion aussi de substances antibactériennes). Cet effet protecteur n’est en revanche pas présent chez Corynebacterium bovis.

Quel est l’effet des SCN sur la production laitière ?

Les conclusions des différentes études sont variables. Une revue bibliographie de 2009 concluait à un effet légèrement négatif des infections intra-mammaires à SCN sur la production laitière. Les dernières études rapportent un effet négatif des infections à SCN durant le premier mois de lactation sur les CCS, mais sans impact significatif sur la production laitière.

D’autres études rapportent même une production laitière plus élevée chez les animaux infectés par des SCN (en lien avec le possible effet protecteur contre des infections par les pathogènes majeurs). L’effet des infections intra-mammaires à SCN sur la production laitière semble très espèce dépendante.

Ainsi, des infections non persistantes à S. epidermidis sont associées à une production moindre que celle observée lors de mammites persistantes à S. simulans ou à S. chromogenes. Cet effet est également influencé par la taille de l’inoculum.

Qu’en est-il de la persistance des infections à SCN ?

Bien qu’on rapporte souvent que le taux de guérison spontané soit élevé, plusieurs études soulignent la possibilité d’infections persistantes, sans qu’un effet espèce soit clairement mis en évidence.

L’effet « persistance de l’infection intra-mammaire » semble plus souche qu’espèce dépendante. La persistance dépend également des capacités de l’hôte à éliminer l’infection.

Quels sont les facteurs de virulence des SCN ?

Plusieurs facteurs putatifs de virulence ont été avancés, et en tout premier la formation de biofilm. En effet, nombre d’études ont démontré la capacité de plusieurs espèces de SCN à produire des biofilms.

Toutefois, les études menées jusqu’ici n’ont pas permis de démontrer que cette capacité à générer des biofilms était associée à une inflammation plus forte. De plus, les souches les plus fréquemment isolées du lait ne se démarquaient pas par leur capacité à produire des biofilms.

De nombreux autres facteurs de virulence (entérotoxines, métalloprotéase, hémolysine, elastase) peuvent être produits par les SCN. A ce jour, aucun lien clair n’a pu être établi sur la relation entre différents facteurs de virulence et la capacité des SCN à générer des cas cliniques ou des infections plus ou moins persistantes.

En conclusion

Il reste encore beaucoup de méconnaissance sur les SCN. Les auteurs concluent sur le besoin d’harmonisation des études sur les SCN, notamment sur les méthodes moléculaires de détection, la définition des cas (mammites, persistance, etc…), la création des collections de souches/espèces et la compréhension concomitante des mécanismes pathogéniques en jeu.

GP/FR/ORUM/1116/0105