Épidémiologie moléculaire de Streptococcus uberis et dynamique d’infection

Streptococcus uberis est souvent considéré comme un agent pathogène de la mamelle des vaches laitières ayant une origine (« réservoir ») soit environnementale, soit contagieuse mammaire. Plusieurs études ont souligné le degré élevé d’hétérogénéité des isolats de S. uberis mis en évidence dans les quartiers infectés. Des techniques de diagnostic moléculaire se sont développées, telle l’électrophorèse en champ pulsé (PFGE).

Des auteurs ont par ailleurs démontré que les infections intramammaires à S. uberis, indépendamment de leur mode de transmission, pouvaient être transitoires ou permanentes, pour une durée allant de 1 à 370 jours.

L’hypothèse de départ des auteurs (thaïlandais avec la supervision de l’Université de Wageningen aux Pays-Bas) est que les souches de S. uberis pouvaient être séparées en trois types distincts :

  • Celles d’origine environnementale avec une infection transitoire, une guérison rapide et spontanée sans l’évidence d’une transmission entre vaches,
  • Celles d’origine contagieuse mammaire, avec une infection transitoire, une guérison rapide et spontanée avec un risque de transmission,
  • Celles d’origine contagieuse mammaire, avec une infection persistante sans guérison, avec un risque de transmission.

L’étude

L’étude a été conduite dans un élevage laitier de petite taille (27 vaches laitières Holstein) suivi par l’Université de Chiang Mai (Thaïlande) pour des mammites cliniques et subcliniques, dont l’agent principal était Streptococcus uberis (Comptage en Cellules Somatiques moyen au niveau du tank > 1 000 000 cellules/ml).

Des prélèvements mensuels de lait de quartier ont été réalisés de manière aseptique sur une période de dix mois. Les prélèvements étaient mis en culture pour bactériologie ; puis le typage moléculaire des isolats de S. uberis était réalisé par la méthode PFGE. La guérison d’un épisode infectieux était définie par l’absence de bactériologie positive sur deux prélèvements consécutifs.

L’infection était considérée comme transitoire lors d’isolement de la même souche sur un maximum de deux prélèvements successifs (soit un ou deux mois) ; elle était classée comme persistante lors d’isolement de la même souche durant au moins trois prélèvements consécutifs. Un traitement antibiotique n’était administré qu’en cas de mammite clinique. Des analyses statistiques ont été faites pour comparer les différences de durée d’infection et les taux de guérison spontanée entre types moléculaires.

Les principaux résultats de cette étude en élevage ont été les suivants :

  • Épisodes d’infections intramammaires : sur un total de 851 laits de quartier, 145 se sont révélés positifs (infection par S. uberis), avec un profil de mammite subclinique (une seule vache a été traitée pour mammite clinique). Suite à l’analyse par électrophorèse, les auteurs ont pu distinguer 66 épisodes distincts d’infection intramammaire par la bactérie pathogène.
  • Types de réservoir : la majorité des infections, attribuées aux types A1 (55 %), B (17 %) et A2 (11 %), ont été associées à au moins deux épisodes infectieux distincts causés par la même souche, retrouvée dans différents quartiers ou sur différentes vaches. Ces résultats indiquent une transmission de quartier à quartier, donc un réservoir contagieux mammaire. Les autres isolats, typés D, E, F1, F2, G et H, n’ont été mis en évidence que lors d’un épisode infectieux unique, indiquant une origine environnementale : ils n’ont concerné qu’une minorité des infections.
  • Guérison des infections : une guérison spontanée a été observée pour 35 épisodes infectieux, dont 91 % correspondaient à une infection transitoire (≤ deux mois). Les épisodes infectieux à réservoir environnemental avaient plus de chances de guérir spontanément que les infections à réservoir contagieux.
  • Infection et stade de lactation : l’infection de quartiers par des souches de S.uberis de type A persistait significativement plus longtemps lors de survenue en début de lactation par rapport à la fin de lactation.

Conclusion de l’étude portant sur l’épidémiologie moléculaire de Streptococcus uberis

Dans cet élevage, la majorité des infections intramammaires à S. uberis ont été transitoires avec une guérison spontanée.

En dehors des infections à réservoir environnemental, la présente étude a défini au moins trois types différents d’infections à S. uberis à profil « contagieux » : (1) transitoire avec guérison bactériologique spontanée probable ; (2) persistante avec guérison bactériologique spontanée improbable ; (3) transitoire ou persistante avec une guérison spontanée dépendant des capacités de défense immunitaire de la vache.

Référence : Résumé publication « Molecular epidemiology of Streptococcus uberis intramammary infections : Persistent and transient patterns of infection in a dairy herd.” Leelahapongsathon K., Schukken Y.H., Srithanasuwan A., Suriyasathaporn W. Journal of Dairy Science. December 2019, In press.

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