Évolution de la résistance aux antibiotiques de bactéries isolées en France à partir de mammites de vaches laitières entre 2006 et 2016

L’objectif de cette étude est d’estimer les niveaux de résistance aux antibiotiques des trois principales bactéries isolées à partir de mammites en France (E. coliStreptococcus uberis et les staphylocoques « coagulase-positive » ou SCP) et d’en suivre l’évolution dans le temps (sur dix années).

La source de données était le Réseau national de surveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales, appelé RESAPATH, coordonné par l’ANSES.

À partir de cette base ont été extraites des données concernant les trois bactéries les plus fréquemment isolées à partir de mammites en élevage : E. coliS. uberis et les SCP (sans pouvoir distinguer l’espèce au sein de cette dernière population), entre 2006 et 2016. Au final, un total de 27.888 antibiogrammes (CMI : méthode de diffusion sur gélose) ont satisfait les critères de sélection : au moins un des trois germes isolés, au moins un antibiotique testé parmi la liste définie d’antibiotiques, dans les laboratoires d’analyses du Réseau.

Seuls n’ont pas été testés les antibiotiques de la famille des polymyxines (dont la colistine). Chaque antibiogramme concerne une seule molécule antibiotique versus un isolat bactérien, les associations ne pouvant être testées dans ce cadre d’étude, excepté pour le duo « triméthoprime-sulfaméthoxazole ».

Parmi les nombreux résultats, on peut en retirer les points principaux :

  • Concernant les espèces bactériennes, la moitié des isolats étant des Streptococcus uberis, un quart des isolats d’Escherichia coli, le dernier quart étant constitué de souches de SCP.
  • De manière générale, malgré des variations sur la période globale, pour la très grande majorité des combinaisons testées « bactérie-antibiotique », le niveau d’antibiorésistance n’a pas augmenté entre 2006 et 2016.
  • Pour S. uberis, la résistance moyenne aux antibiotiques testés a toujours été d’au maximum 20 %, avec une exception pour l’enrofloxacine (pour laquelle ont été groupées les souches résistantes et intermédiaires).
  • En ce qui concerne E. coli, on note le niveau le plus élevé de résistance pour l’amoxicilline (28 %) qui représentait la classe des pénicillines A. Il a été noté une évolution significative de la résistance pour le ceftiofur (céphalosporine de 3ème génération), de 0 % en 2006 à 2,4 % en 2016.
  • Excepté pour la pénicilline (33,9 %), les proportions de résistance aux souches de SCP sont restées en deçà de 11 % sur la période d’étude.
  • La multirésistance aux antibiotiques, définie comme une résistance acquise à au moins un antibiotique dans trois classes ou plus (soit au moins trois antibiotiques de classes différentes), s’est échelonnée entre 2,4 % (SCP) et 9,9 % (S. uberis).

Au final

On peut conclure à une stabilité de l’antibiorésistance des trois bactéries majeures responsables de mammites en France sur la période de dix ans choisie pour cette étude. La majorité des classes d’antibiotiques testées sont présentes dans les spécialités commercialisées en France pour le traitement des mammites (exceptée notamment la colistine).

Ces résultats peuvent orienter le vétérinaire dans sa pratique quotidienne dans le choix des antibiotiques les plus appropriés pour un traitement de mammite (spécialement en première intention), en relation également avec le contexte épidémiologique. Enfin, la connaissance des tendances en terme d’antibiorésistance des germes responsables de mammites chez la vache laitière contribue à la promotion d’une prescription raisonnée des antibiotiques.

Référence : Résumé Publication “Antimicrobial resistance in bacteria isolated from mastitis in dairy cattle in France.” Boireau C., Cazeau G., Jarrige N., Calavas D., Madec JY, Leblond A., Haenni M., Gay E. Journal of Dairy Science. 2018. 101 : 9451-9462.

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