L’antibiorésistance de staphylocoques « non-aureus » isolés à partir de lait est associée à une administration systémique, et non intramammaire, d’antibiotiques chez les bovins laitiers

Les mammites bovines sont la première cause de prescription d’antibiotiques dans les élevages laitiers à travers le monde. Les staphylocoques « non-aureus » (NAS) sont les bactéries les plus fréquemment isolées dans le lait de vache dans de nombreux pays (dont le Canada). La voie d’administration, la posologie, le rythme de traitement, la durée et le nombre de traitements affectent la quantité d’antibiotiques atteignant la mamelle, mais aussi l’étendue et la durée d’exposition des bactéries.

L’objectif de cette étude canadienne était de déterminer au niveau de l’élevage les associations entre la prescription des antibiotiques et la prévalence de l’antibiorésistance d’une part, les gènes de résistance antimicrobienne des NAS d’autre part, en fonction des molécules antibiotiques et des voies d’administration.

Le profil d’antibiorésistance a été déterminé par la méthode de microdilution en bouillon versus un panel de 23 molécules antibiotiques différentes, à partir de 1.702 isolats de NAS provenant de 89 élevages laitiers canadiens. Certains gènes de résistance spécifiques des NAS ont également été recherchés au laboratoire. Des modèles statistiques linéaires ont ensuite été appliqués pour estimer les associations molécules/voies d’administration entre antibiorésistance des souches de NAS et prescription des antibiotiques en élevage.

Les principaux enseignements de cette étude sont les suivants :

  • Seule une utilisation d’antibiotiques par voie systémique était associée significativement à la prévalence d’une multirésistance des isolats de NAS.
  • Trois classes d’antibiotiques étaient associées avec une antibiorésistance spécifique de ces classes lors d’administration par voie systémique : les pénicillines, les céphalosporines de 3ème génération et les macrolides. Une association avec une multirésistance des isolats de NAS a été montrée seulement pour les deux dernières familles d’antibiotiques systémiques.
  • Le risque relatif de résistance spécifique associé avec une augmentation d’une ADD (dose journalière/vache an) d’antibiotique administré par voie systémique était de 1,28 (c’est-à-dire un risque accru de 28 % pour 2 ADD versus 1 ADD).
  • La prévalence de certains gènes d’antibiorésistance communs chez les NAS (exemples : tetarm) était plus élevée dans les élevages utilisant par voie systémique tétracyclines, macrolides et/ou céphalosporines de 3ème génération.
  • Pour les mêmes antibiotiques administrés par voie intramammaire et/ou intra-utérine, il n’a pas été mis en évidence d’association de leur utilisation avec les phénomènes de résistance spécifique à ces molécules ou/et de multirésistance des souches de NAS.

En conclusion

L’utilisation d’antibiotiques par voie locale (intramammaire ou intra-utérine) n’est pas associée au phénomène d’antibiorésistance sur les staphylocoques « non-aureus », contrairement aux trois familles principales prescrites par voie systémique (pénicillines, macrolides et céphalosporines de 3ème génération). La diminution de la résistance des NAS aux antibiotiques sera minimale en cas d’implémentation d’un traitement local sélectif au tarissement, au contraire de celle associée à l’usage d’antibiotiques par voie systémique.

Référence : Résumé Publication “Antimicrobial resistance in non-aureus staphylococci isolated from milk is associated with systemic but not intramammary administration of antimicrobials in dairy cattle.” Nobrega D., De Buck J., Barkema H. Journal of Dairy Science. 2018. 101 : 7425-7436.

GP-FR-NON-211100044