Les souches de Mycoplasma bovis en Suisse, isolées lors d’épisodes de mammites ou de pneumonies, sont spécifiques du troupeau atteint

Alors que les mammites à Mycoplasma bovis sont très fréquentes aux USA et présentes largement au Royaume-Uni, elles sont bien plus rares dans le reste de l’Europe. Néanmoins en Suisse, l’émergence récente de cas de mammites à Mycoplasma bovis a fait émettre l’hypothèse d’une éventuelle introduction puis diffusion entre élevage d’un clone unique particulièrement virulent.

Ainsi l’objectif de cette étude, menée en Suisse, était d’étudier la distribution des souches de Mycoplasma bovis isolées dans des troupeaux lors de survenue de  cas de mammites, et ce, durant une période de 12 mois au sein de régions non contiguës.

Dans ce but, les auteurs de cette étude ont recruté des troupeaux (sans échange d’animaux entre eux et dans des régions non contiguës) où des suspicions cliniques étaient posées. Dès lors, les troupeaux faisaient l’objet de 2 visites, sur une période de 8 semaines. Un échantillon aseptique de lait composite de toutes les vaches en lactation était réalisé. Au moins 10% de toutes les classes d’âge faisait également l’objet d’un écouvillon nasal. De plus, lorsque des vaches de ces troupeaux étaient réformées, les poumons et la mamelle étaient prélevés à l’abattoir.

Tous ces prélèvements ont fait ensuite l’objet de recherche bactériologique. Mycoplasma bovis était recherché par PCR. Les souches de Mycoplasma bovis ainsi isolées étaient ensuite typées (sur la base de leur élément d’insertion IS). Les auteurs ont ensuite comparé la distribution des différentes souches observées entre troupeaux.

Au final, il ressort principalement :

  • 1421 échantillons ont été collectés sur 791 vaches issues de 19 troupeaux.
  • 20 échantillons de lait, 3 mamelles, 4 poumons et 67 écouvillons nasaux ont été détectés PCR positifs vis-à-vis de Mycoplasma bovis.
  • 37 isolats de Mycoplasma bovis ont pu être cultivés à partir de ces prélèvements. Parmi ces 37 isolats, 15 provenaient uniquement de 24 écouvillons nasaux.
  • Les souches isolées différaient fortement entre élevages et différaient également des souches isolées en Suisse,  entre les années 1993 et 2008.
  • Dans 7 troupeaux, plus d’un animal était positif, ce qui a rendu possible la comparaison des souches intra-troupeau. A l’échelle du troupeau, la quasi-totalité des souches était identique attestant ainsi d’une probable transmission inter-animaux.
  • Dans certains troupeaux, des signes respiratoires sur des veaux ont commencé à se déclencher en même temps que l’épisode de mammites  à l’origine de la suspicion. Une transmission via le lait est envisageable, car aucun contact veau-vache dans ces élevages n’était possible.
  • Les auteurs supposent que les bovins atteints étaient déjà porteurs de la bactérie et que les signes cliniques sont la conséquence de la survenue d’autres évènements concomitants.

En conclusion

Il ressort, dans les conditions de cette étude, que les isolats de Mycoplasma bovis analysés étaient spécifiques des troupeaux, que ceux-ci soient atteints cliniquement ou non. Ces résultats suggèrent une transmission directe inter-animaux ou via le lait, entre vaches et veau, à l’intérieur d’un troupeau. Dans tous les cas, cela réfute l’hypothèse de la diffusion large d’un seul et même clone à l’origine de l’émergence apparente de cas de mammites à Mycoplasma bovis en Suisse.

Référence : Résumé Article “Herd-specific strains of Mycoplasma bovis in outbreaks of mycoplasmal mastitis and pneumonia.” Aebi M., Bodmer M., Frey J., Pilo P. Veterinary Microbiology, 2012, (157): 363-368.