Prévalence des staphylocoques non aureus à l’origine de mammites dans les élevages laitiers du Canada

L’objectif de cette étude menée au Canada était de décrire la prévalence et la distribution des souches de staphylocoques non aureus (SNA) à l’origine de mammites. Un objectif complémentaire était d’évaluer l’association de ces distributions avec différents facteurs d’élevage (région, concentration en cellules somatiques – CCS – de tank, type de logement) et facteurs individuels (parité, stade de lactation, quartier).

Dans ce but, les auteurs ont utilisé des échantillons collectés au sein d’un suivi de cohorte national au Canada réalisé en 2007 et 2008. Ainsi, ce sont 91 troupeaux issus des 4 régions canadiennes (région atlantique, Québec, Ontario et provinces de l’ouest) qui ont été aléatoirement sélectionnés par tirage en grappe stratifié par niveau de CCS de tank. Deux tiers des élevages environ étaient à l’attache et le reste en stabulation libre. Au sein de ces troupeaux, 2 séries de prélèvements ont été effectuées à quelques mois d’intervalle. A chaque fois, 10 vaches en lactation sélectionnées au hasard et 5 vaches fraiches vêlées faisaient l’objet de prélèvements de quartiers. Après une étape de bactériologie, les SNA éventuels étaient typés par PCR. Les auteurs concluaient à une infection intra-mammaire à SNA si plus de 1000 SNA UFC/mL étaient trouvés en culture pure. Si 2 SNA ou plus étaient isolés, un statut mixte était attribué. Les données individuelles des vaches et de troupeau étaient également collectées puis croisées avec la distribution observée.

Il en ressort les résultats principaux suivants :

  • 6,3% des quartiers (6213 sur 98233 prélevés) étaient infectés par un SNA.
  • Parmi les SNA, S. chromogenes était de loin le plus prévalent (13%) et présent dans tous les troupeaux de l’étude.
  • Au total, l’estimation de la prévalence d’infection intra-mammaire – IMI – associée au SNA était de 26%.
  • 25 types de SNA ont été isolés avec toutefois 7 espèces plus fréquentes (cf tableau).
  • Les IMI à SNA étaient plus fréquentes chez les vaches primipares et la prévalence des IMI à SNA était de 35% au vêlage, puis diminuait dans les 10 premiers jours de lactation avant d’augmenter ensuite tout au long de la lactation.
  • Les prévalences de S. chromogenes, S. gallinarum, S. cohnii et S. capitis étaient maximales au vêlage.
  • Les prévalences de S. chromogenes, S. haemolyticus, S. xylosus et S. cohnii augmentaient entre le 1er mois et la fin de lactation.
  • Le facteur logement n’influençait pas la prévalence globale de SNA. En revanche, il intervenait à l’échelle de l’espèce. Ainsi, S. simulans, S. xylosus, S. cohnii, S. saprophyticus, S. capitis et S. arlettae étaient retrouvés plus fréquemment dans les systèmes à l’attache, alors que dans ces systèmes, S. epidermidis était rarement isolé. S. chromogenes et S. sciuri étaient plus fréquemment retrouvés en aire paillée.
  • S. haemolyticus était plus fréquent dans les troupeaux avec des CCS de tank > 300 000 cell/mL
  • Un effet région était également noté.
Tableau : Distribution des SNA isolés lors d’Infection intra-mammaire (avec une fréquence > 0.5%)

Tableau : Distribution des SNA isolés lors d’Infection intra-mammaire (avec une fréquence > 0.5%)

En conclusion

Il ressort, dans les conditions de cette étude, que la fréquence d’infection des quartiers atteints de mammites par des SNA était très élevée (26%). De façon consistante avec des études antérieures, parmi les SNA, S. chromogenes était le plus fréquent. S. simulans, S. xylosus, S. epidermidis et S. haemolyticus suivaient, mais dans un ordre différent de celui souvent décrit. L’isolement de SNA était plus particulièrement fréquent sur les primipares autour du vêlage, puis diminuait dans les 10 premiers jours de lactation avant d’augmenter durant la lactation. Sans surprise, la distribution des SNA différait selon le type de logement ou le niveau cellulaire de tank. Ainsi au final, cette étude confirme de nombreux résultats décrits concernant les SNA.

Résumé Article “Prevalence of non-aureus staphylococci species causing intramammary infections in Canadian dairy herds.” Condas L.A.Z., De Buck J., Nobrega D.B., Carson D.A., Naushad S., De Vliegher S., Zadoks R.N., Middleton J., Dufour S., Kastelic J.P., Barkema H. Journal of Dairy Science, 2017, (100): 5592-5612

GP FR/ORUM/0418/0032