Quelle est la susceptibilité de souches de Staphylococcus aureus à l’iode et à la chlorhexidine et y-a-t-il un impact d’un challenge à l’iode sur le profil d’antibiorésistance ?
L’objectif de cette étude menée aux USA était d’évaluer (i) le degré de sensibilité de différentes souches de Staphylococcus aureus aux deux désinfectants les plus couramment utilisés en pré et post-trempage, à savoir l’iode et la chlorhexidine ainsi que (ii) d’investiguer si un stress bactérien provoqué par une exposition à des doses sub-létales d’iode modifieraient le profil de susceptibilité aux antibactériens de souches de S. aureus, sous l’hypothèse qu’un tel stress pourrait conférer des capacités de résistance à d’autres agents.
Dans ce but, les auteurs de cette étude ont sélectionné 37 souches de S. aureus au sein d’une banque de données de plus de 4000 souches afin de représenter la diversité des souches existantes.
Dans un premier temps, les auteurs ont déterminé les Concentrations Minimales Inhibitrices (CMI) de l’iode. Les CMI potentielles testées allaient de 0,01 à 0,25%. Puis dans un deuxième temps, 7 souches de S. aureus parmi celles-ci ont été sélectionnées afin d’être représentatives des génotypes analysés.
Ces 7 souches ont alors été soumises à un essai de type dose-réponse, vis-à-vis de l’iode et de la chlorhexidine. Les concentrations en iode testées allaient de 0,0001% à 0,1%. La plage de variation des concentrations en chlorhexidine testées était comprise entre 0.0002% et 0.2%.
Enfin, le profil d’antibio-susceptibilité des 7 souches de S. aureus a été testé. Puis, ces souches ont été soumises en culture à un niveau d’exposition à l’iode sub-létal, durant 24 heures. Les auteurs ont alors à nouveau évalué le profil d’antibio-susceptibilité et l’ont comparé à celui établi précédemment (sans exposition à cette concentration sub-létale en iode).
Les informations principales sont les suivantes :
- Parmi les 37 souches testées, on note une plage de variation des CMI vis-à-vis de l’iode allant de 0,05% à 0,2% (facteur 4); dans le détail, 29 souches avaient une CMI vis-à-vis de l’iode de 0,15%, 4 avaient une CMI de 0,1%, 3 de 0,05%, et 1 avait une CMI à 0,2%.
- Concernant l’essai dose-réponse, une souche a été totalement inhibée dès une concentration > 0,0001% et la croissance des 7 souches testées a été inhibée pour une concentration en iode > 0.05% (les produits commerciaux ayant une concentration en iode titrable de l’ordre de 0,1%, leur efficacité in vitro est ainsi confirmée). Cependant, lorsque les tests de CMI sur plaques en gélose d’agar ont été menés, 28 des 37 souches (75,7%) ont toléré des niveaux de 0,1%. Cette augmentation de la tolérance à l’iode en conditions stressantes a déjà été rapportée dans la littérature (par rapport à une évaluation in vitro, rôle important in vivo du temps de contact, de la propreté des trayons et de la réaction du désinfectant avec la peau).
- Concernant l’essai dose-réponse pour la chlorhexidine, les 7 souches testées ont vu leur croissance inhibée dès la concentration la plus faible (0,0002%).
- Après un niveau d’exposition sub-létal les profils de résistance aux antibactériens n’ont pas été modifiés pour les souches de S. aureus testées. Aucune tolérance n’a donc été acquise suite à ce stress antibactérien à l’iode.
En conclusion
Il ressort dans les conditions de cette étude que, si toutes les souches de S. aureus testées avaient été sensibles à la chlorhexidine, des niveaux différents de sensibilité à l’iode avaient été retrouvés. Pour les auteurs, les niveaux hétérogènes de sensibilité à l’iode devraient être pris en compte dans les plans de maîtrise des mammites dues à S. aureus. Dans ces élevages, il semble que le choix de l’iode pour la désinfection de trayons en pré et/ou post-trempage ne soit pas optimal. En revanche, le stress bactérien lié à des niveaux d’exposition sub-létaux à l’iode n’a pas modifié les profils d’antibio-susceptibilité des souches testées.
Référence : Résumé Article “Bovine Staphylococcus aureus: dose response to iodine and chlorhexidine and effect of iodine challenge on antibiotic susceptibility.” Azizoglu R.O., Lyman R., Anderson K.L. Journal of Dairy Science, 2013, (96) : 983-989.