Quelles sont les pratiques d’élevage associées à la présence de Mycoplasma spp dans le lait de tank au Nord-Ouest du Portugal ?

L’objectif de cette étude menée dans la région Nord-Ouest du Portugal visait à (i) évaluer la prévalence de Mycoplasma spp dans les laits de tank, et à déterminer les espèces de Mycoplasma en cause, (ii) à évaluer la prévalence intra-troupeau de vaches porteuses de mycoplasme dans les élevages infectés et enfin (iii) d’identifier les facteurs de risque à l’échelle du troupeau d’avoir un lait de tank positif.

Dans cet objectif, les auteurs ont effectué une étude transversale dans une région d’élevage produisant le tiers du lait au Portugal, ayant une taille moyenne de troupeau de 51 vaches. Un tirage au sort parmi les élevages adhérents au contrôle laitier a été effectué. L’hypothèse de départ était de permettre la mise en évidence une prévalence de Mycoplasma spp de 2% avec une erreur relative de 2%.

Pour chaque élevage sélectionné, 3 échantillons de lait de tank ont été prélevés à 2 jours d’intervalle pour être analysé en PCR. Afin de déterminer la prévalence intra-troupeau, dans les élevages détectés positifs sur lait de tank, l’ensemble des vaches laitières ont fait l’objet d’un prélèvement aseptique de lait et d’un CMT (afin de déterminer si le cas échéant un CMT positif était un bon prédicteur des vaches porteuses de Mycoplasma). Les prélèvements positifs faisaient l’objet d’une détermination de l’espèce par PCR. Un questionnaire visant à identifier les grands types de facteurs de risques (caractéristiques d’élevage, confort et hygiène des vaches, appui vétérinaire et disponibilité des données, biosécurité, prévalence des mammites, traite et équipement de traite, thérapeutique des mammites).

Au final, il ressort principalement que:

  • 164 élevages ont été sélectionnés et 492 laits de tank prélevés
  • 5 troupeaux (3%) ont eu un lait de tank positif vis-à-vis de mycoplasmes. La prévalence vraie a ainsi été estimée à 3,5%.
  • Parmi ces 5 troupeaux, 4 étaient positifs vis-à-vis de Mycoplasma bovis et 1 vis-à-vis de Mycoplasma capricolum subsp capricolum.
  • Un seul de ces 5 troupeaux avait ses trois prélèvements positifs, 3 n’avaient qu’un prélèvement positif et un deux prélèvements positifs (dont un positif à la fois pour Mycoplasma bovis et bovigenitalium).
  • La prévalence intra-troupeau dans les élevages infectés était de 2.5 à 4.5% pour une prévalence vraie estimée (compte-tenu du défaut de sensibilité du prélèvement unique) de 10 à 19%. Cette prévalence apparemment assez faible peut être le fait de pratiques de traite et d’élimination efficace.
  • La valeur prédictive d’un CMT positif pour identifier les vaches porteuses de Mycoplasma était mauvaise. Il ne peut s’agir dans les troupeaux infectés d’un moyen fiable de détecter les animaux porteurs
  • Le facteur de risque principal (OR 1.05 (1.02-1.08], P< 0,01) était le nombre de vaches dans le troupeau (en lien probable avec le nombre d’introductions et la probabilité de transmission du mycoplasme). Une identification régulière  à la traite des vaches atteintes de mammites était un facteur protecteur (OR 0.06 [0.004-0.87], P< 0,05).

En conclusion

Il ressort dans les conditions de cette étude que la prévalence de Mycoplasma ssp dans les laits de tank au Portugal est de l’ordre de 3%, sans que les vaches positives au CMT soient plus infectées. La taille de troupeau est le facteur de risque principal identifié et l’identification en routine des vaches atteintes de mammites le facteur protecteur retrouvé. Bien que la prévalence de troupeaux atteints soit faible, les auteurs concluent à la nécessité de contrôler cet agent pathogène dans le cadre de plan de maîtrise des mammites.

Référence : Résumé Article “Management practices associated with the bulk tank milk prevalence of Mycoplasma spp in dairy herds in Northwestern Portugal.” Pinho L., Thompson G., Machado M., Carvalheira J. Preventive Veterinary Medicine, 2013, (108) : 21-27.