Facteurs de risque d’épisodes respiratoires aigus chez les veaux d’élevage

Les infections du tractus respiratoire et leur implication clinique (bronchopneumonies infectieuses enzootiques) sont une pathologie majeure du veau d’élevage et induisent notamment une prescription accrue d’antibiotiques.

Ce complexe respiratoire est bien documenté à certains stades de la vie des bovins d’élevage, notamment chez les veaux de boucherie et les jeunes bovins à l’engraissement (« feedlots » en Amérique du Nord). En revanche, il y a peu de publications sur les épisodes respiratoires aigus en hiver, dans nos conditions de production (Europe) et dans des élevages conventionnels représentatifs des productions de lait et de viande (taille moyenne, origine familiale).

Objectif de l’étude sur les facteurs de risque d’épisodes respiratoires aigus chez les veaux d’élevage

L’objectif de cette étude menée par une équipe belge a été d’identifier des facteurs de risque spécifiques des principaux agents pathogènes associés à des épisodes respiratoires aigus sur des veaux en élevage laitier, à viande ou mixte.

L’étude s’est déroulée sur 2 saisons hivernales consécutives (septembre 2016 à janvier 2018). Les épisodes respiratoires aigus sur veaux devaient concerner un minimum de 15 % d’animaux malades en l’espace d’une semaine dans l’élevage, avec les symptômes suivants :

  • toux,
  • jetage nasal,
  • polypnée,
  • fièvre et apathie.

Par élevage, 5 veaux malades étaient prélevés à l’aide d’un lavage bronchoalvéolaire pour récupérer du liquide bronchique. Puis les prélèvements étaient « poolés », analysés par PCR sur 7 agents pathogènes respiratoires majeurs (3 virus, 4 bactéries).

Les résultats de l’étude portant sur les facteurs de risque d’épisodes respiratoires aigus chez les veaux d’élevage

Les principaux enseignements de cette étude épidémiologique ont été :

  • Les élevages concernés par l’étude étaient majoritairement laitiers : 23 % laitier pur (Holstein), 45 % mixte à prédominance laitière, 32 % viande seulement (dont les 2/3 avec une séparation des veaux de leurs mères peu après la naissance).
  • Les épisodes respiratoires étaient à caractère épidémique pour un tiers des élevages, enzootique pour 2/3 des élevages. Au moment des interventions, la proportion moyenne de veaux malades dans les élevages était de 44 %. La majorité des épisodes ont eu lieu entre octobre et mars.
  • Des infections virales uniques et multiples ont été détectées dans 58,6% et 13,3% des épisodes respectivement. Le coronavirus bovin (BCV) était le virus le plus fréquemment isolé (38,4%), suivi du virus respiratoire syncytial bovin (bRSV; 29,4%) et du Parainfluenzavirus de type 3 (PI-3; 8,1%).
  • Pour les bactéries, Mycoplasma bovis, Mannheimia haemolytica, Pasteurella multocida et Histophilus somni ont été détectées respectivement dans 33,3, 41,2, 89,1 et 36,4% des troupeaux. Dans 96 % des élevages avec infection virale, on a retrouvé au moins une bactérie pathogène présente.
  • Il n’y avait pas de différence significative dans les taux de détection entre les types d’élevage (lait, viande, mixte) et entre la nature des épisodes (épizootiques ou enzootiques).
  • Les facteurs de risque significatifs de la détection du coronavirus bovin (BCV) ont été : la détection de M. haemolytica, la taille d’élevage croissante et la détection du BCV dans les fèces des veaux l’année précédente.
  • Les facteurs de risques mis en avant dans la détection du bRSV ont été :  la saison (hiver > automne), la détection du virus PI-3la prévalence de veaux avec signes respiratoiresle nombre de jours avec troubles respiratoires avant prélèvement.
  • En sus de son association avec le BCV, Mannheimia haemolytica était plus fréquemment détectée dans les cases de 5 à 10 veaux (versus cases < 5 veaux), dans les élevages ayant de la sciure de bois en litière.

Les infections virales jouent un rôle important dans les épisodes respiratoires aigus des veaux d’élevage. Une saisonnalité très nette est observée dans le cas de l’infection par le virus respiratoire syncytial bovin, avec une prédominance hivernale. Le coronavirus a été le virus le plus fréquemment isolé et était significativement associé à Mannheimia haemolytica, ce qui suggère une interaction potentielle entre les 2 agents pathogènes. La mise en évidence de facteurs de risques spécifiques à chaque bactérie ou virus peut permettre d’adapter les mesures de traitement et de contrôle au sens large de ces infections respiratoires.

Résumé Publication “Pathogen-specific risk factors in acute outbreaks of respiratory disease in calves.”Pardon B., Callens J., Maris J., Allais L., Van Praet W., Deprez P., Ribbens S. Journal of Dairy Science. 2020, 103: 2556–2566.

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