Prévalence des agents de formes subcliniques de cryptosporidiose en élevage laitier

La cryptosporidiose est une cause importante de troubles digestifs (diarrhées) chez les bovins et les humains à travers le monde. Ces deux espèces sont sensibles à plusieurs espèces de cryptosporidies, Cryptosporidium parvum étant l’agent pathogène épizootique le plus répandu. Les épisodes cliniques de cryptosporidiose sont à l’origine de coûts considérables (mortalité, gestion et traitement des veaux malades, retards de croissance) et de temps de travail et d’intervention accrus.

Quelles sont les espèces de cryptosporidies rencontrées dans l’espèce bovine ?

Les espèces de cryptosporidies rencontrées dans l’espèce bovine sont principalement C. bovis, C. parvum, C. ryanae et C. andersoni. Si C. parvum est considéré comme un agent très pathogène chez les bovins, les autres espèces sont à l’origine essentiellement de formes subcliniques et semblent plus fréquemment isolées chez les veaux après sevrage. En Suède, la seule spécialité vétérinaire enregistrée pour la prévention et le traitement de la cryptosporidiose est à base de lactate d’halofuginone.

La présente étude a été menée durant 2 ans dans un élevage laitier suédois connu pour être indemne de C. parvum ; elle a fait l’objet d’une thèse de doctorat universitaire à la Faculté d’Uppsala.

Un suivi de « cohorte » a été effectué sur 16 génisses laitières de la naissance jusqu’au vêlage. Les fèces des animaux étaient prélevées toutes les semaines dans les 2 mois suivant leur naissance, puis tous les mois jusqu’au vêlage. Une observation clinique était réalisée à chaque temps de prélèvement. Les échantillons étaient traités à l’aide d’une méthode de flottaison puis analysés par immunofluorescence pour quantifier l’excrétion (ookystes ; seuil = 200 opg).

Enfin, sur les prélèvements positifs, l’extraction de l’ADN par la méthode QIAGEN (séquençage) permettait de déterminer l’espèce.

Les principaux résultats obtenus ont été les suivants :

  • Nombre de prélèvements : au total, 455 prélèvements ont été analysés, dont 99 se sont révélés positifs (21,8 %).
  • Répartition globale des cryptosporidies : sur les 99 prélèvements positifs, 55 ont permis d’identifier l’espèce avec la répartition suivante : C. bovis (83,6 %), C. ryanae (12,7 %), l’association de ces 2 espèces (3,7 %). L’absence de C. parvum a été confirmée.
  • Répartition selon l’âge : sur les 145 prélèvements sur génisses de moins de 9 semaines d’âge, 65 échantillons étaient positifs dont 46 pour lesquels l’identification de l’espèce a été possible. Sur ces derniers, la répartition a été la suivante : C. bovis (82,6 %), C. ryanae (13 %), l’association de ces 2 espèces (4,3 %). La prévalence d’excrétion d’ookystes par les génisses a atteint son maximum entre 4 et 5 semaines d’âge. L’incidence cumulée sur la « cohorte » a atteint 100 % à l’âge de 5 semaines.
  • Début d’excrétion : l’âge le plus précoce à partir duquel ont été détectés des ookystes de C. bovis et C. ryanae a été respectivement de 5 et 15 jours. Quelques animaux ont excrété des ookystes jusqu’à 16 mois d’âge.
  • Expression clinique : le comptage le plus élevé en ookystes a été observé à 3 semaines d’âge (3.6 × 106 opg par gramme de fèces). Il n’y a a pas eu d’association entre l’excrétion d’ookystes et la présence de diarrhée.

Des espèces de cryptosporidies, autres que C. parvum, sont susceptibles de circuler en élevage chez les veaux laitiers dans les premières semaines de vie. Ces espèces (C. bovis et C. ryanae) peuvent entraîner de fortes excrétions ookystales sans induire, seules et en dehors de la présence de C. parvum, des signes cliniques digestifs.

Résumé Publication “A single-cohort study of Cryptosporidium bovis and Cryptosporidium ryanae in dairy cattle from birth to calving.” Aberg M., Emanuelson U., Troell K., Björkman C. Veterinary Parasitology, 2020, 20, 100400.

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