Conduite du tarissement et comportement des vaches laitières

Le tarissement des vaches laitières en fin de lactation est une pratique de routine en élevage laitier. Généralement, dans de nombreux pays, la conduite la plus répandue est le tarissement « brutal », c’est-à-dire l’arrêt complet de la traite un jour donné. Une autre conduite consiste en un arrêt progressif de la traite sur plusieurs jours à plusieurs semaines, méthode qui a pu apparaître comme plus « naturelle » et avec moins de conséquences potentiellement défavorables sur la santé de la mamelle, le confort et le bien-être des vaches laitières.

Une étude de Zobel et al (JDS 2013, 96 : 5064-5071) concluait ainsi à l’avantage d’un tarissement progressif sur la réduction des pertes de lait (en quantité et fréquence) et l’absence de « frustration » des vaches devant la porte de la salle de traite (à savoir le fait de ne pas être traites). Finalement peu d’études ont été publiées en termes de comparaison de ces deux types de conduite et aucune sur leur impact comparé sur le comportement des femelles laitières.

La présente étude a été menée par l‘Université de l’Ohio (USA) dans un grand troupeau laitier de 1 200 vaches élevées en stabulation libre et usuellement traites trois fois par jour (toutes les huit heures). Le protocole initialement en place consistait en un tarissement « brutal » (en un jour donné), avec administration conjointe d’un antibiotique par voie intramammaire et d’un obturateur de trayon.

Durant les périodes de printemps et d’été, des lots de 7 à 24 vaches ont été inclus chaque semaine et alternativement soumises soit à une conduite de tarissement brutal (un jour fixe de la semaine), soit à une conduite progressive (une traite quotidienne seulement durant la dernière semaine de lactation). Des paramètres relatifs à l’activité des vaches durant et après le tarissement ont été relevés grâce notamment à des capteurs placés derrière les pattes postérieures et sur une période allant jusque quatorze jours suivant le tarissement.

Les principaux résultats de cette étude sont les suivants :

L’échantillonnage final a intégré 95 vaches : 48 soumises au tarissement « brutal », 47 au tarissement progressif.

Le comportement de couchage des femelles laitières (longueur moyenne d’un épisode de couchage, temps quotidien total de couchage) est clairement affecté durant les deux à trois premiers jours suivant l’arrêt de la traite : les vaches soumises à un tarissement progressif ont des périodes couchées plus longues que celles conduites avec un tarissement « brutal ».

Le mode de conduite du tarissement affecte significativement le niveau de production laitière au tarissement : ainsi le tarissement progressif réduit significativement la production laitière à partir du premier jour de son application.

Les vaches ayant les plus forts niveaux de production laitière au tarissement passent moins de temps couché durant la journée, par rapport aux vaches plus faibles productrices. Le temps de couchage quotidien diminue de 19 minutes pour chaque augmentation de 5 kg de la production laitière au moment du tarissement. Enfin, l’impact du niveau de production laitière au moment du tarissement est plus marqué sur le comportement de couchage des primipares en comparaison aux multipares.

Conclusion

D’après cette étude, un tarissement progressif en fin de lactation est bénéfique pour les vaches laitières, car il permet de réduire significativement la production laitière avant la dernière traite et entraîne ainsi un meilleur confort des femelles au moment du tarissement, ce qui est mis en évidence au niveau de l’activité de couchage des vaches.

Il conviendrait également de conduire séparément les vaches primipares, chez lesquelles l’impact de la production laitière élevée sur la baisse du temps de couchage est plus important, et les femelles multipares autour du tarissement.

Référence : Résumé Publication “Effect of milk cessation method at dry-off on behavioral activity of dairy cows.” Rajala-Schultz P.J., Gott P.N., Proudfoot K.L., Schuenemann G.M. Journal of Dairy Science. 2017. 101 : 3261-3270.

GP-FR-NON-211100044