Au cœur du lait

Les exportations françaises de produits laitiers se sont redressées début 2018 : +4% /2017 en équivalent lait sur 2 mois. La filière a exporté davantage de beurre (+7%/2017) et surtout d’ingrédients secs (poudre maigre, poudre de lactosérum et caséines, +12%) mais ces derniers ont été moins bien valorisés que l’an dernier (-17 à -23% /2017) compte tenu de la chute des cours des protéines. Par ailleurs, elle a exporté moins de fromages (-2%), principales sources de recettes laitières. Au total, la valeur des exportations laitières a reculé de 1%/2017.

Sur les 16 premières semaines de 2018, le chiffre d’affaires des produits laitiers en grande distribution (GMS) a progressé de 3% /2017. Mais les ménages français ont acheté de moindres quantités (-2% /2017) compte tenu de la revalorisation des produits.

La 5ème édition de Grand Angle Lait organisée par l’Institut de l’Elevage en collaboration avec l’Interprofession laitière (CNIEL) et la Confédération Nationale de l’Elevage (CNE) a eu lieu le 4 avril à Paris avec retransmission à Aubière (63), Le Rheu (35) et Castanet-Tolosan (31).

Les cours des fromages qui avaient fléchi cet hiver se sont légèrement redressés en mars et se rapprochent de leur niveau 2017. Les transformateurs ont probablement levé le pied sur les fabrications qui étaient restées très dynamiques jusqu’en janvier et avaient finies par gonfler les stocks.

Les conditions hivernales relativement rudes (pluie, neige, froid) et le maintien d’une pluviométrie régulière et de températures froides jusqu’en mars ont retardé la pousse de l’herbe et la sortie des vaches au pâturage. Les éleveurs ont ainsi dû puiser plus que prévu dans leurs stocks fourragers pour alimenter convenablement leur troupeau.

Alors qu’il a sensiblement baissé cet hiver chez nos voisins européens, le prix du lait français toutes qualité confondues (y compris Bio et AOP) ne s’est que légèrement érodé à 339 €/1000 l en février pour une composition standard à 38 g/l de matière grasse et 32 g/l de matière protéique. Il se situe ainsi 4% au-dessus du niveau 2017, soit son meilleur niveau depuis 2014 et le 2ème meilleur niveau de la décennie.

Malgré une légère hausse de la collecte annuelle et une nouvelle érosion de la consommation intérieure, la France n’est pas parvenue à maintenir son excédent commercial laitier. À 3,20 milliards d’euros, il affiche une baisse de près de 6% /2016 et enregistre son plus bas niveau depuis 2010.

Grâce à un cheptel rajeuni, la production laitière européenne devrait progresser au 1er semestre. La croissance serait aussi forte qu’en 2017 en Irlande, en Pologne et au Royaume-Uni, sous réserve de bonnes conditions climatiques au printemps.

En France, La production laitière progresse plus modérément depuis décembre, au rythme de +3% /2017 en janvier et +1% en février d’après l’enquête hebdomadaire FranceAgriMer. En mars, la croissance sera probablement faible, autour de +1% /2017, d’autant que les conditions climatiques peu favorables retardent la production herbagère et la mise à l’herbe. De plus, le cheptel laitier national est moins étoffé (-1% /2017 au 1er février 2018), même s’il est rajeuni.

En 2017, le prix du lait s’est redressé tout au long de l’année, plus nettement dans les pays largement excédentaires, où il avait aussi plus fortement chuté.