Brèves techniques

Brèves de traite – mars 2024

DIAGNOSTIC : évolution des paramètres biochimiques sanguins lors de mammite subclinique

Certains paramètres biochimiques sanguins, principalement les protéines de phase aiguë et les marqueurs du stress oxydatif, peuvent être utilisés en pratique dans la détection des infections intramammaires subcliniques. L’objectif de cette étude scientifique italienne était de mettre en évidence une association entre quelques critères biochimiques sanguins (en relation avec le statut énergétique, l’intégrité hépatique, le stress oxydatif, l’inflammation, le statut minéral, l’immunité innée) et les infections intramammaires subcliniques (IMI). Des données ont été recueillies sur 349 vaches laitières (80 primipares, 269 multipares ; moyenne de 220 jours de lactation). Il a été réalisé une bactériologie sur les cas enregistrés ainsi qu’une classification du comptage cellulaire somatique (CCS : faible de 50 à 200.000 cellules/mL ; modéré de 200 à 400.000 cellules/mL ; élevé au-dessus de 400.000 cellules/mL). Une augmentation du CCS est significativement associée à une réduction linéaire des concentrations sériques de cholestérol, de la capacité de réduction ferrique plasmatique (caractérisant le pouvoir antioxydant) ; de même, un accroissement du CCS est corrélé à une augmentation des concentrations sériques d’haptoglobine et de céruloplasmine. Une bactériologie positive a été significativement associée à une augmentation des teneurs sanguines en bilirubine, des protéines indicatrices d’un stress oxydatif (« advanced oxidation protein products » = AOPP) et de l’haptoglobine (une des protéines de phase aiguë ou « acute phase proteins » = APP). (Pegolo et al, Journal of Dairy Science 2023, 106 (9): 6539-6550 ; https://doi.org/10.3168/jds.2022-23155).

PRODUCTION : motifs de réforme des vaches laitières danoises

Staphylococcus borealis semble être une espèce bactérienne très répandue, génétiquement et phénotypiquement hétérogène avec des lignées séparées pouvant infecter divers hôtes. Cette bactérie peut également être impliquée dans les infections intramammaires chez les bovins ; cependant, sa similitude génétique étroite avec Staphylococcus haemolyticus rend difficile l’estimation de l’incidence et la signification clinique réelle de ce nouvel agent pathogène. Ce sont les principales conclusions d’une publication réunissant conjointement des scientifiques polonais et canadiens. Les auteurs ont étudié 12 souches de Staphylococcus borealis isolées lors de mammites subcliniques en Pologne (9 isolats ; 3 élevages) et au Canada (3 isolats ; 2 élevages). L’utilisation au laboratoire de la technique MLST (« multilocus sequence typing ») a permis de comparer ces souches avec des isolats d’origines humaine et porcine. Même si toutes ces souches sont génétiquement très proches, les auteurs concluent à une évolution génétique indépendante entre les 3 espèces d’origine. (Krol et al, Veterinary Microbiology, 2023, 286 : 109876 ; https://doi.org/10.1016/j.vetmic.2023.109876).

REPRODUCTION : modifications immunitaires et métaboliques associées aux métrites

La réfractométrie Brix peut être utilisée dans l’espèce ovine afin d’estimer la qualité du colostrum de la brebis et des immunoglobulines sériques chez l’agneau. Trois catégories sont suggérées par les auteurs de cette publication telles que définies à l’aide du réfractomètre Brix pour le colostrum de la brebis : «insuffisante» (<22%) ; «correcte» (22 à 26%) et «satisfaisante» (> 26%) et dans le sérum de l’agneau : «insuffisante» (<8%) ; «correcte» (8 à 9%) et «satisfaisante » (> 9%). Les scientifiques de l’Université de Glasgow (Royaume-Uni) ont analysé 233 échantillons de sérum d’agneaux provenant de 4 élevages ovins et prélevés entre 24 et 48 heures de vie, et 112 échantillons de colostrum de brebis avant tétée dans 2 fermes ovines. En parallèle de l’analyse par le réfractomètre Brix, tous les prélèvements de colostrum et sérum ont été analysés par la technique d’immunodiffusion radiale (seuils respectifs de 50 et 15 g/l). La corrélation entre les teneurs en IgG du colostrum de brebis et du sérum d’agneau était hautement significative. Les seuils en-deçà desquels la qualité immunologique est jugée insuffisante, déterminés avec le réfractomètre Brix, ont été de 22,1 % pour le colostrum maternel (sensibilité = 80 % ; spécificité = 90 %) et de 8,65 % pour le sérum du jeune (sensibilité = 94 % ; spécificité = 82 %). (Hamer et al, Preventive Veterinary Medicine, 2023, 218 : 105988 ; https://doi.org/10.1016/j.prevetmed.2023.105988).

QUALITÉ DU LAIT : consommation de lait et polyarthrite rhumatoïde chez l’Homme

Les vaches Holstein avec un phénotype à faible émission de méthane (CH4) étaient, en comparaison des vaches à forte émission, de stature plus petite, avec une digestibilité globale apparente plus faible de la matière organique et des fibres alimentaires ; elles avaient également des concentrations plus faibles d’acétate et plus élevées de propionate et par conséquent un rapport acétate : propionate plus faible dans le liquide ruminal. Les différences d’émissions de CH4 s’accompagnent de différences dans les gènes et les transcriptions qui codent pour l’enzyme MCR (« methyl-CoM reductase ») nécessaire à la catalyse du méthane. Ce sont les principales conclusions de cette étude réalisée par des équipes américaines sur 130 vaches Holstein provenant de la ferme laitière de l’Université de Pennsylvanie. Les émissions de gaz à effet de serre (méthane et gaz carbonique) ont été estimées selon le système Green Feed. Ont été ensuite isolées 5 vaches faiblement émettrices et 5 vaches fortement émettrices de méthane (respectivement 346 et 439 g/j de CH4), sans différence sur l’émission de CO2 entre les 2 lots. Par contre, aucune différence significative n’a été observée entre les 2 groupes sur la production laitière, la composition du lait, l’ingéré et l’efficacité alimentaires. (Stepanchenko et al, Journal of Dairy Science, 2023, 106 (9) : 6146-6170 ; https://doi.org/10.3168/jds.2022-23190).

LOCOMOTION : relation entre acidose ruminale et fourbure chez les bovins

L’association entre infections intramammaires, santé de la mamelle et production laitière chez les vaches laitières primipares en élevage biologique est cohérente avec les données observées chez les vaches laitières élevées dans des systèmes conventionnels.  Les auteurs américains de l’Université du Minnesota avaient précédemment observé une prévalence élevée des infections intramammaires à Staphylocoques (S. aureus et S. chromogenes) et Streptocoques (Streptococcus spp.) en début de lactation dans les élevages laitiers en système biologique. Ils ont analysé 1.348 échantillons de lait prélevés dans les 35 premiers jours de lactation en bactériologie, 1.674 données de comptage en cellules somatiques du lait (CCS) dans les 6 premiers mois de lactation en provenance de 333 vaches primipares réparties dans 4 élevages laitiers bio. La présence d’une infection intramammaire à S. aureus ou Streptococcus spp. dans les 35 premiers jours de lactation était corrélée à une probabilité de valeurs élevées de CCS (> 200.00 cellules/mL) dans les 6 premiers mois de lactation. La production laitière des 6 premiers mois de lactation était significativement diminuée lors de mammite à Streptocoques, mais pas lors d’infection intramammaire à S. aureus.  (Pena-Mosca et al, Journal of Dairy Science, 2023, 23924 ; https://doi.org/10.3168/jds.2023-23924).

ALTERNATIVES : supplémentation des veaux laitiers en probiotiques

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