DIAGNOSTIC : évolution des paramètres biochimiques sanguins lors de mammite subclinique
Certains paramètres biochimiques sanguins, principalement les protéines de phase aiguë et les marqueurs du stress oxydatif, peuvent être utilisés en pratique dans la détection des infections intramammaires subcliniques. L’objectif de cette étude scientifique italienne était de mettre en évidence une association entre quelques critères biochimiques sanguins (en relation avec le statut énergétique, l’intégrité hépatique, le stress oxydatif, l’inflammation, le statut minéral, l’immunité innée) et les infections intramammaires subcliniques (IMI). Des données ont été recueillies sur 349 vaches laitières (80 primipares, 269 multipares ; moyenne de 220 jours de lactation). Il a été réalisé une bactériologie sur les cas enregistrés ainsi qu’une classification du comptage cellulaire somatique (CCS : faible de 50 à 200.000 cellules/mL ; modéré de 200 à 400.000 cellules/mL ; élevé au-dessus de 400.000 cellules/mL). Une augmentation du CCS est significativement associée à une réduction linéaire des concentrations sériques de cholestérol, de la capacité de réduction ferrique plasmatique (caractérisant le pouvoir antioxydant) ; de même, un accroissement du CCS est corrélé à une augmentation des concentrations sériques d’haptoglobine et de céruloplasmine. Une bactériologie positive a été significativement associée à une augmentation des teneurs sanguines en bilirubine, des protéines indicatrices d’un stress oxydatif (« advanced oxidation protein products » = AOPP) et de l’haptoglobine (une des protéines de phase aiguë ou « acute phase proteins » = APP). (Pegolo et al, Journal of Dairy Science 2023, 106 (9): 6539-6550 ; https://doi.org/10.3168/jds.2022-23155).
PRODUCTION : motifs de réforme des vaches laitières danoises
Les causes de réforme des vaches laitières différaient entre les modes de réforme, la production laitière étant la raison la plus fréquente d’un abattage, les troubles métaboliques / digestifs pour les vaches mortes sans assistance et les accidents pour les vaches euthanasiées. C’est une des conclusions d’une vaste étude analysant les données de 281.682 vaches laitières réformées dans les élevages laitiers danois en 2020 et 2021. L’âge moyen à la réforme était de 1.845 jours ; 83,3 % des vaches étaient abattues, 10,2 % étaient mortes sans assistance et 6,5 % ont été euthanasiées. Les principaux motifs de réforme avec abattage étaient la production laitière (29 %), la reproduction (25 %) et la santé mammaire (16 %). Pour les mortes sans assistance, les causes les plus fréquentes étaient les pathologies métaboliques et digestives (25 %), une origine inconnue (18 %) et la santé de la mamelle (15 %). Pour les vaches euthanasiées, les accidents arrivaient en tête (29 %), suivis par les boiteries (18 %) et les troubles métaboliques et digestifs (17 %). La déclaration d’au moins un motif de réforme était significativement plus probable chez les vaches de race Jersiaise (par rapport aux vaches Holstein), chez les vaches âgées (rang de parité élevé), chez les vaches de troupeau à production laitière élevée et avec un nombre important de traitements enregistrés pour des maladies. (Thomsen et Houe, Livestock Science, 2023 ; 278 : 105359 ;https://doi.org/10.1016/j.livsci.2023.105359).
MAMMITES : un nouvel agent pathogène mammaire chez la vache laitière …
Staphylococcus borealis semble être une espèce bactérienne très répandue, génétiquement et phénotypiquement hétérogène avec des lignées séparées pouvant infecter divers hôtes. Cette bactérie peut également être impliquée dans les infections intramammaires chez les bovins ; cependant, sa similitude génétique étroite avec Staphylococcus haemolyticus rend difficile l’estimation de l’incidence et la signification clinique réelle de ce nouvel agent pathogène. Ce sont les principales conclusions d’une publication réunissant conjointement des scientifiques polonais et canadiens. Les auteurs ont étudié 12 souches de Staphylococcus borealis isolées lors de mammites subcliniques en Pologne (9 isolats ; 3 élevages) et au Canada (3 isolats ; 2 élevages). L’utilisation au laboratoire de la technique MLST (« multilocus sequence typing ») a permis de comparer ces souches avec des isolats d’origines humaine et porcine. Même si toutes ces souches sont génétiquement très proches, les auteurs concluent à une évolution génétique indépendante entre les 3 espèces d’origine. (Krol et al, Veterinary Microbiology, 2023, 286 : 109876 ; https://doi.org/10.1016/j.vetmic.2023.109876).
REPRODUCTION : modifications immunitaires et métaboliques associées aux métrites
Un état corporel plus important (adiposité) chez les vaches laitières développant une métrite peut conduite à des phénomènes d’inflammation systémique ante et post-partum, de tolérance immunitaire post-partum, avec pour conséquences l’échec de la prévention des infections bactériennes et le développement de métrites puerpérales. C’est une des hypothèses développées par dans ce travail collectif associant diverses équipes universitaires américaines, dont l’objectif était d’investiguer les modifications des statuts métabolique et immunitaire en liaison avec les métrites des vaches laitières. Les auteurs ont notamment observé que les vaches laitières atteintes de métrites avaient un poids corporel plus élevé avant vêlage, une perte accrue de poids en péripartum et des concentrations plasmatiques plus élevées d’acides gras au vêlage. Ces vaches avaient une inflammation systémique persistante, qui s’est traduite notamment par une activation accrue des lymphocytes B et une augmentation des concentrations plasmatiques de cytokines pro-inflammatoires. Enfin, chez ces vaches en période post-partum, l’activation et l’extravasation sanguine étaient augmentées pour les polynucléaires mais diminuées pour les monocytes et lymphocytes T CD4+, ce qui est représentatif d’un état d’immunotolérance. (Casaro et al, Journal of Dairy Science, 2023, in press ; https://doi.org/10.3168/jds.2023-23289).
BREBIS LAITIERE : estimation de la qualité du colostrum à l’aide du réfractomètre Brix
La réfractométrie Brix peut être utilisée dans l’espèce ovine afin d’estimer la qualité du colostrum de la brebis et des immunoglobulines sériques chez l’agneau. Trois catégories sont suggérées par les auteurs de cette publication telles que définies à l’aide du réfractomètre Brix pour le colostrum de la brebis : «insuffisante» (<22%) ; «correcte» (22 à 26%) et «satisfaisante» (> 26%) et dans le sérum de l’agneau : «insuffisante» (<8%) ; «correcte» (8 à 9%) et «satisfaisante » (> 9%). Les scientifiques de l’Université de Glasgow (Royaume-Uni) ont analysé 233 échantillons de sérum d’agneaux provenant de 4 élevages ovins et prélevés entre 24 et 48 heures de vie, et 112 échantillons de colostrum de brebis avant tétée dans 2 fermes ovines. En parallèle de l’analyse par le réfractomètre Brix, tous les prélèvements de colostrum et sérum ont été analysés par la technique d’immunodiffusion radiale (seuils respectifs de 50 et 15 g/l). La corrélation entre les teneurs en IgG du colostrum de brebis et du sérum d’agneau était hautement significative. Les seuils en-deçà desquels la qualité immunologique est jugée insuffisante, déterminés avec le réfractomètre Brix, ont été de 22,1 % pour le colostrum maternel (sensibilité = 80 % ; spécificité = 90 %) et de 8,65 % pour le sérum du jeune (sensibilité = 94 % ; spécificité = 82 %). (Hamer et al, Preventive Veterinary Medicine, 2023, 218 : 105988 ; https://doi.org/10.1016/j.prevetmed.2023.105988).
QUALITÉ DU LAIT : consommation de lait et polyarthrite rhumatoïde chez l’Homme
Il existe une corrélation négative significative entre le niveau de consommation de produits laitiers et la prévalence de la polyarthrite rhumatoïde chez l’être humain. C’est la principale conclusion d’une étude menée aux États-Unis par des chercheurs de l’Université de Yale en association avec des scientifiques chinois. Les auteurs ont utilisé un programme d’études ayant pour objectif d’évaluer le statut nutritionnel et sanitaire des adultes et enfants aux USA : le « National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) » proposé par les CDC (« Centers for Disease Control and Prevention »). Ainsi des enquêtes et questionnaires ont été diligentés auprès de 12.813 participants âgés de 20 ans et plus. Une corrélation négative a été trouvée entre le fait de consommer quotidiennement au moins un produit laitier et la prévalence de la polyarthrite rhumatoïde (Odds Ratio ou OR = risque relatif rapproché = 0,68 ; p< 0,001). A été observée également une relation linéaire négative entre le niveau de consommation de produits laitiers et la prévalence de la polyarthrite rhumatoïde. (Chen et al, Joint Bone Spine, 2024, 91 (1) : 105646 ; https://doi.org/10.1016/j.jbspin.2023.105646).
ENVIRONNEMENT : base génétique des émissions de méthane des vaches laitières
Les vaches Holstein avec un phénotype à faible émission de méthane (CH4) étaient, en comparaison des vaches à forte émission, de stature plus petite, avec une digestibilité globale apparente plus faible de la matière organique et des fibres alimentaires ; elles avaient également des concentrations plus faibles d’acétate et plus élevées de propionate et par conséquent un rapport acétate : propionate plus faible dans le liquide ruminal. Les différences d’émissions de CH4 s’accompagnent de différences dans les gènes et les transcriptions qui codent pour l’enzyme MCR (« methyl-CoM reductase ») nécessaire à la catalyse du méthane. Ce sont les principales conclusions de cette étude réalisée par des équipes américaines sur 130 vaches Holstein provenant de la ferme laitière de l’Université de Pennsylvanie. Les émissions de gaz à effet de serre (méthane et gaz carbonique) ont été estimées selon le système Green Feed. Ont été ensuite isolées 5 vaches faiblement émettrices et 5 vaches fortement émettrices de méthane (respectivement 346 et 439 g/j de CH4), sans différence sur l’émission de CO2 entre les 2 lots. Par contre, aucune différence significative n’a été observée entre les 2 groupes sur la production laitière, la composition du lait, l’ingéré et l’efficacité alimentaires. (Stepanchenko et al, Journal of Dairy Science, 2023, 106 (9) : 6146-6170 ; https://doi.org/10.3168/jds.2022-23190).
LOCOMOTION : relation entre acidose ruminale et fourbure chez les bovins
Il existe un lien entre l’alimentation (niveau d’ingestion élevé d’hydrates de carbone à digestion rapide), l’acidose ruminale et la fourbure aiguë, principalement lors d’application de protocoles d’induction de l’acidose ruminale à court terme, sans que le mécanisme d’action ne soit encore clairement établi. Les auteurs sud-américains (Brésil et Uruguay) ont consulté 3 bases de données électroniques pour analyser 339 manuscrits et en extraire 16 issus de 11 revues différentes. Les principaux indicateurs utilisés étaient le pH ruminal et les signes cliniques tels que l’anorexie, la dépression, l’inconfort et la diarrhée. Différentes méthodes de diagnostic ont été utilisées pour décrire la fourbure, comme la thermographie, la biopsie du sabot, le test de sensibilité et l’inspection visuelle. La relation entre pH ruminal d’une part, boiterie et fourbure d’autre part reste encore très controversée. Enfin, les premiers signes de fourbure apparaissent en moyenne 39 à 120 heures après le « challenge » alimentaire (repas riche en glucides à digestion rapide). (Teixeira Passos et al, Research in Veterinary Science, 2023 ; 161 : 110-117 ; https://doi.org/10.1016/j.rvsc.2023.06.001).
ELEVAGE BIO : mammites des primipares dans les 6 premiers mois de lactation
L’association entre infections intramammaires, santé de la mamelle et production laitière chez les vaches laitières primipares en élevage biologique est cohérente avec les données observées chez les vaches laitières élevées dans des systèmes conventionnels. Les auteurs américains de l’Université du Minnesota avaient précédemment observé une prévalence élevée des infections intramammaires à Staphylocoques (S. aureus et S. chromogenes) et Streptocoques (Streptococcus spp.) en début de lactation dans les élevages laitiers en système biologique. Ils ont analysé 1.348 échantillons de lait prélevés dans les 35 premiers jours de lactation en bactériologie, 1.674 données de comptage en cellules somatiques du lait (CCS) dans les 6 premiers mois de lactation en provenance de 333 vaches primipares réparties dans 4 élevages laitiers bio. La présence d’une infection intramammaire à S. aureus ou Streptococcus spp. dans les 35 premiers jours de lactation était corrélée à une probabilité de valeurs élevées de CCS (> 200.00 cellules/mL) dans les 6 premiers mois de lactation. La production laitière des 6 premiers mois de lactation était significativement diminuée lors de mammite à Streptocoques, mais pas lors d’infection intramammaire à S. aureus. (Pena-Mosca et al, Journal of Dairy Science, 2023, 23924 ; https://doi.org/10.3168/jds.2023-23924).
ALTERNATIVES : supplémentation des veaux laitiers en probiotiques
Il est nécessaire de standardiser les protocoles d’essais cliniques étudiant les supplémentations en probiotiques dans l’alimentation du veau laitier, compte tenu de la variabilité des protocoles d’étude tant sur les modalités d’administration (voie, dose, durée) que sur les paramètres zootechniques et sanitaires évalués. L’objectif de cette revue bibliographique était justement l’identification, la description et la caractérisation de la littérature dans le domaine de la supplémentation de l’alimentation des veaux laitiers avec des probiotiques. Ont été retenues 103 études (110 essais contrôlés), publiées entre 1980 et 2021 dans 28 pays. Les essais étaient majoritairement randomisés (80 %), avec des effectifs de 64 veaux en moyenne, essentiellement Holstein (74 %), d‘âge inférieur à 15 jours (72 %) au démarrage de la supplémentation. Les essais réalisés en station de recherche dans 47 % des cas ont concerné les probiotiques suivants : Lactobacillus (26%), Saccharomyces (15 %), Bacillus (10 %) et des associations dans 32 % des études. L’administration durait en moyenne 60 jours (1 à 462), majoritairement en mélange dans l’alimentation du veau (88 %) voire en pâte orale ou drenchage (8%). Enfin les paramètres les plus souvent étudiés ont été le gain pondéral (88 %) pour les critères zootechniques, la consistance des fèces (64 %) pour les critères sanitaires. Des différences dans la conception du protocole d’étude (mode d’administration du probiotique, dose, durée de supplémentation) et l’évaluation des résultats (critères et méthodes) justifient d’orienter les efforts vers des directives standardisées dans les essais cliniques concernant les probiotiques en élevage bovin. (Branco-Lopes et al, Journal of Animal Science, 2023, 106 (8) : 5388-5401 ; https://doi.org/10.3168/jds.2022-23017).
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