Impact économique de la cryptosporidiose et de quelques mesures de contrôle
Les cryptosporidies sont des protozoaires parasitaires répandus à travers le monde et responsables d’infections intestinales chez les humains et les animaux. Ce sont des parasites qui provoquent des diarrhées néonatales chez les veaux, entraînant un taux de mortalité élevé au cours des trois premières semaines de vie. Les pertes sont certes importantes pour les éleveurs, mais le coût de la cryptosporidiose reste mal documenté.
En l’absence de vaccin (jusqu’à une actualité récente), seules des mesures préventives sont à la disposition des éleveurs pour lutter contre l’infection. Il est essentiel de sensibiliser à l’urgence économique et sanitaire de la gestion de ce parasite, tant auprès des éleveurs que des pouvoirs publics, sachant que l’élevage est un réservoir de parasites zoonotiques transmissibles à l’homme.
L’objectif principal de la présente étude était d’évaluer les coûts générés par l’infection due à Cryptosporidium spp. chez les veaux laitiers et de suivre l’évolution de ces coûts après la mise en œuvre de mesures de gestion de la maladie dans un réseau d’exploitations pilotes en Belgique, en France et aux Pays-Bas.
La méthodologie suivie par les auteurs comportait 3 étapes : une enquête de terrain auprès des éleveurs laitiers pour déterminer le coût global des épisodes de diarrhée (entre 3 jours et 3 semaines de vie), un échantillonnage de fèces (10 veaux/élevage) prélevés afin de déterminer la prévalence de Cryptosporidium spp. dans les troupeaux laitiers et affiner le coût de la cryptosporidiose, un suivi de la mise en œuvre de mesures préventives contre Cryptosporidium spp. afin d’analyser l’évolution des coûts. L’étude s’est déroulée entre 2018 et 2021.
La taille moyenne des élevages sélectionnés était de 67 vaches laitières en France, 86 en Belgique et 106 aux Pays-Bas.
Les principaux résultats sont les suivants :
- La prévalence de Cryptosporidium spp. a été en moyenne de 40 % (43 % en France).
- Les 57 exploitations laitières sélectionnées en France, en Belgique et aux Pays-Bas présentaient une perte annuelle de 3.000 € due à la diarrhée des veaux, soit 94 € par veau diarrhéique. En se concentrant uniquement sur la cryptosporidiose, avec une prévalence globale de 41,3%, le coût global est estimé à 1.239 € par élevage et en moyenne 38,82 € par veau, compte tenu de la proportion de veaux infectés par Cryptosporidium spp. parmi l’ensemble des nouveau-nés.
- De manière générale, la répartition des coûts supplémentaires induits par la présence de diarrhées des veaux en élevage était la suivante : surplus de main d’œuvre (42 %), frais d’ordre sanitaire (36 %) et mortalité des veaux (22 %).
- Les principales mesures de prévention appliquées dans les élevages, enregistrées seulement en Belgique et aux Pays-Bas, ont été notamment : une meilleure surveillance de la période péripartum, l’application de vaccins (notamment contre E. coli) chez les mères, l’évaluation de la qualité et une distribution adéquate du colostrum au veau, l’amélioration des protocoles de nettoyage et désinfection.
- Au bout de 3 ans, soit à la fin de l’étude, malgré une prévalence équivalente à celle de départ (environ 40 %), la perte économique par veau a diminué en moyenne de 15 €. Cependant, la méthodologie ne permet pas de conclure si cette diminution du coût de la cryptosporidiose est réellement liée à la mise en place de certaines mesures préventives.
En conclusion, cette étude multicentrique (France, Belgique, Pays-Bas) a confirmé la prévalence élevée de la cryptosporidiose (environ 40 %) en élevage laitier et le coût important de cette infection (39 € par veau en moyenne) en raison notamment d’un surplus de travail pour l’éleveur, de frais de santé augmentés et d’une mortalité accrue des veaux.
Des mesures sanitaires préventives peuvent réduire ce coût, même s’il est difficile dans le cadre de cette étude de corréler la baisse des coûts à la mise en place de ces mesures en élevage.
Résumé Publication “Study of the economic impact of cryptosporidiosis in calves after implementing good practices to manage the disease on dairy farms in Belgium, France, and the Netherlands”. Roblin M, Cannière A, Barbier A, Daandels Y, Dellevoet-Gronnevegen M, Pinto P and al. Current Research in Parasitology & Vector-Borne Diseases, 2023, 100149 ; https://doi.org/10.1016/j.crpvbd.2023.100149
GP-FR-NON-240600018
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